[...] Cependant, ce qui m'avait frappé plus que tout, c'était un énorme extincteur fixé au mur juste au-dessus du siège du directeur. On ne voyait que ça. C'était sans doute son but: que cette masse flamboyante focalise les pensées de ses interlocuteurs lorsqu'il s'asseyait dessous. L'image de ce truc se décrochant subitement et lui explosant le crâne s'imposait à l'esprit sans qu'on puisse y faire quoi que ce soit. Cet homme avait trouvé là un bon moyen de se cacher à la vue de tous.
[...]
-Comment oses-tu élever la voix dans mon bureau?!", hurla-t-il en se penchant vers moi.
Je jetai un bref coup d’œil à l'extincteur. Il était toujours en place.
Requin, qui avait suivi mon regard, changea complètement de ton et, passant de la colère à la confidence avec une vitesse désarmante, me déclara tranquillement:
"Il ne risque pas de tomber. Il est retenu par des boulons en acier", précisa-t-il en dressant un pouce répugnant en direction de l'objet.
Ce revirement était si inattendu qu'il me prit au dépourvu, me laissant les yeux écarquillés, comme un lapin pris dans les phares d'une voiture. Requin se mit à ricaner. Il savait mener sa barque, en fait.
La Maison dans laquelle, Mariam Petrosyan, Monsieur Toussaint Louverture. Traduit du russe par Raphaëlle Pache.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire