"Rana Toad", ça se mange?

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vendredi 13 novembre 2015

The Three Investigators 7.The Mystery of the Fiery Eye (1967)/Les Trois Jeunes Détectives 7.Treize Bustes pour Auguste

Alfred Hitchcock, Robert Arthur et "Les Trois Jeunes Détectives"/"The Three Investigators"
1.The Secret of Terror Castle/1.Au Rendez-vous des revenants (Tableau Pinterest)
2.The Mystery of the Stuttering Parrot/2.Le Perroquet qui bégayait
3.The Mystery of the Whispering Mummy/3.La Momie qui chuchotait
4.The Mystery of the Green Ghost/4.Le Chinois qui verdissait
5.The Mystery of the Vanishing Treasure/5.L'arc-en-Ciel a pris la fuite
6.The Secret of Skeleton Island/6.Le Spectre des Chevaux de bois

  Après la petite déception, le mal de mer dirais-je, du sixième tome, ce Mystery of the Fiery Eye/Treize Bustes pour Auguste, replace Jupiter/Hannibal, Peter et Bob dans leur élément naturel, c'est-à-dire Rocky Beach et plus précisément dans Le Paradis de la Brocante. Beaucoup des personnages secondaires à qui j'ai consacré des articles apparaissent de multiples fois: Mathilda et Titus Jones, les parents de Bob et même le chauffeur anglais Worthington/Warrington qui fait son retour après plusieurs tomes d'absence. De quoi contenter les fans de la série à qui The Secret of Skeleton Island/Le Spectre des Chevaux de bois laissaient un sentiment de vide. Il y a même des premières en ce qui concerne les illustrations: Harry Kane dessine pour la première fois Mathilda Jones et Jacques Poirier nous offre non une mais deux apparitions de son mari Titus!

Pour ceux qui me suivent depuis le début, j'annonce tout de suite qu'il n'y aucune allusion au passé de comédien de Jupiter/Hannibal ni à la jambe de Bob. Par contre, le Chapitre 9 nous offre une apparition d'un compagnon que Jacques Poirier n'oublie pas d'ailleurs) issu du deuxième tome The Mystery of the Stuttering Parrot/Le Perroquet qui bégayait, agréable détail qui respecte la continuité de la série:

  "Let's put it to a vote," Pete suggested. "I vote we abandon the case now. All in favour say aye!"
  "Aye! Aye! Aye!" The word rang out several times. However it was spoken by Blackbeard, the trained mynah bird whose cage hung over the desk in Headquarters.
  Nobody but Blackbeard voted with Pete."
Jacques Poirier, 1971.

  "Mettons la question aux voix! s'écria Peter. Je vote pour que nous renoncions à récupérer le rubis. Que tous ceux qui sont d'accord avec moi disent oui!
  -Oui! Oui! Oui!"
  Le mot retentit trois fois, sans la moindre hésitation. Mais il avait été prononcé par Barbenoire, la mainate apprivoisé dont la cage se balançait au-dessus du bureau d'Hannibal au P.C. des Trois jeunes détectives.
  En fait, Barbenoire fut le seul à voter pour Peter."

  Bel effet, en passant, de Robert Arthur qui taquine un peu ses lecteurs pendant une fraction de seconde.
  Avant d'aborder les choses sérieuses, je tiens aussi à relever un cas de "continuité négative", avec le nom d'un des personnages. L'homme de loi d'Horatio August(e) s'appelle dans la version originale Henry Dwiggins. Or le texte français le change en Wiggins, le faisant ainsi l'homonyme du serviteur du professeur Yarborough (dans The Mystery of the Whispering Mummy/La Momie qui chuchotait), qui déjà subissait ce genre de changement à partir de Wilkins. C'est pas grand-chose, je chipote, mais j'aime bien relever ce genre de boulette.
  Et puisqu'il est question de continuité, l'impression que donne cette septième enquête, c'est qu'elle relance beaucoup de choses et essaie même de nous donner une chronologie, une suite d'indices, de repères temporels.
  Commençons par le plus précis qui se trouve très loin dans le roman, au Chapitre 15 ("Solving the Message"/"Le Sens du message"):

  "[...] Of course this is August, and to-morrow is my birthday. I was born at half past two on August 6th, my father told me."

  "[...] Or, nous sommes en août et mon anniversaire tombe demain. Je suis né un six août, à deux heures et demie de l'après-midi."

  Ce sont les mots de l'ami éphémère et traditionnel que nos trois amis rencontrent à presque chaque épisode. Cette fois-ci, il s'agit d'un britannique nommé August August, qui pour citer Alfred Hitchcock dans le Chapitre 3, "n'est pas un nom banal!" ("slightly unusual"). Cette donnée temporelle précise nous situe la fin de cette histoire à cette date du 6 août.
  Or, Robert Arthur nous a déjà livré de quoi gamberger au Chapitre 2 ("Trouble with Mr. Gelbert"/"Les ennuis commencent") qui fait allusion au retour attendu de Worthington/Warrington. Rappelez-vous que l'utilisation de la Rolls et du chauffeur était valable trente jours. Jupiter/Hannibal appelle l'agence de location organisatrice et s'entend répondre: "Your thirty days' use of the car has expired."/"Les trente jours sont écoulés".
  Si l'on situe The Secret of Terror Castle/Au Rendez-vous des Revenants au premier de ces trente jours et que la fin de The Mystery of the Fiery Eye/Treize Bustes pour Auguste est datée du 6 août, on peut en déduire facilement que l'agence des Trois jeunes détectives a été crée au début du mois de juillet.
  D'autres indices sortent de la bouche de Peter dans un premier temps, au moment de l'appel de son chef à M. Gelbert, puis de celle de Bob, une fois le litige discuté à l'agence de location (que vous trouverez dans la troisième partie consacrée à Worthington/Warrington):
-"Golly!" Pete groaned in dismay. "We haven't been keeping track. The thirty days ran out while we were back East tangling with the mystery of Skeleton Island."/"Mais c'est épouvantable! s'exclama Peter. Le mois pendant lequel nous avions droit à la Rolls a dû se terminer alors que nous étions dans l'Est, à nous battre contre le "spectre des Chevaux de Bois"!".
-"But we were away for a week, Mr. Gelbert," Bob spoke up "So we couldn't use the car. Couldn't we have that time added on the thirty days, at least?"/"Bob jugea utile d'intervenir. "Mais nous avons été absents une semaine entière, monsieur Gelbert, tenta-t-il d'expliquer. Pendant cette période, nous n'avons à aucun moment utilisé votre voiture. Ne pourriez-vous au moins nous permettre de rattraper cette semaine? Ce serait chic de votre part!"
  J'aborderai la traduction plus tard... 
  On peut donc affirmer de source sûre que The Secret of Skeleton Island/Le Spectre des Chevaux de bois aurait occupé la dernière semaine de juillet. Ce qui laisse un laps de temps de trois semaines entre la première et la cinquième enquête. Il faut rappeler également que dans le quatrième chapitre du troisième tome, The Mystery of the Whispering Mummy/La Momie qui chuchotait, il était établi que quinze jours étaient passés depuis leur première enquête au Château des Épouvantes et qu'il leur restait quinze jours pour utiliser la Rolls. Il semble trop juste pour que la quatrième et la cinquième enquête se passent dans un laps de temps d'une seule semaine. Surtout qu'en examinant seules les indications temporelles de The Mystery of the Vanishing Treasure/L'Arc-en-Ciel a pris la fuite, on compte déjà dix jours dont six où il ne se passe rien ("Six days had passed since that exciting Sunday."/"Six jours s'étaient écoulés." et "During most of the six days that had passed" traduit par un moins précis "Pendant ce temps"). J'ai établi une chronologie dans un article annexe et il semble que, malheureusement, la chronologie que Robert Arthur a tenté de tracer soit bancale.
  J'ai lu quelque part que les trois premiers tomes avaient été écrits avant la publication du premier. Comme dit plus haut, le troisième tome se situait deux semaines après le premier. Peut-être que Robert Arthur était incertain du succès de la série et que dans l'attente, il a peut-être oublié de se caler à cette chronologie liée à l'utilisation de la Rolls (dont d'ailleurs il n'est fait aucune allusion entre le quatrième et le sixième tome.) Dommage que la cohérence temporelle en pâtisse.

  Mais il est temps d'aborder la traduction de ce septième tome. Comme je l'ai dit dans l'article précédent, Olivier Séchan n'a pas continué ce travail si important pour mon projet. Le petit article semi-biographique qui lui est consacré en donne indirectement la raison: il traduisait déjà beaucoup de choses dont l'imposante série des Jennings/Bennett. Je pense qu'il a du donc joué le rôle d'intérimaire entre Vladimir Volkoff et la nouvelle venue pour ce tome, Claude Voilier. J'espère avoir plus d'éclaircissements un jour sur les traducteurs qui se sont succédés.
  Vous l'avez peut-être déjà constaté plus haut, Claude Voilier est adepte de l'ajout. Le "Ce serait chic de votre part!" mis dans la bouche de Bob en est un exemple parmi beaucoup d'autres. Ce qu'elle fait dire à Peter juste avant est plus excusable puisqu'il est fait allusion au tome précédent et il est défendable de rappeler son titre même si nos amis ne se sont pas littéralement "battus" contre un fantôme. Vous verrez également les multiples différences dans les articles annexes si vous avez le temps et/ou l'envie de les lire.
  Mais prenons un axe plus concret et précis: celui des bustes dont il est question dans le titre. Au nombre de treize, ils sont tous nommés dans le tout premier chapitre:
  
Jacques Poirier, 1971.
  "The name of the person each represented was chiselled on its square base.
  "Julius Caesar, Octavian, Dante, Homer, Francis Bacon, Shakespeare," Jupiter read off some the names. "This seem to be all famous men."
  "Augustus of Poland," Bob read. "I never heard of him."
  "Or Luther or Bismarck," Pete added, pointing to two very stern-looking busts.
  "But you've heard of Theodore Roosevelt," Jupiter said. "And Washington, Franklin and Lincoln."

  "Le nom de chaque célébrité était inscrit au-dessous, dans le plâtre.
  "Hannibal lut tout haut quelques-uns de ces noms:
  "Jules César, Octave, Dante, Homère, Francis Bacon, Shakespeare...
  -Auguste de Pologne, lut à son tour Bob. Je n'ai jamais entendu parler de lui.
  -Luther, Bismarck! continua Peter en désignant deux têtes à l'expression sévère.
  -Tiens, une femme! reprit Hannibal. La reine Victoria! Et voici Washington, Franklin et Lincoln."
Jacques Poirier, 1971.

  La traductrice ne serait-elle pas un brin féministe? Dans la bande des présidents américains, Theodore Roosevelt est ainsi remplacé par la reine Victoria, différence appuyée par l'ajout "Tiens une femme!". Jacques Poirier colle même au texte en dessinant le buste qui correspond à deux reprises, sur la première de couverture (amusez-vous à identifier les bustes qui forment un point d'interrogation avec Alfred Hitchcock qui n'est pas qu'une simple silhouette, pour une fois) et dans une petite vignette en compagnie de George Washington et Benjamin Franklin, pancarte signée Mathilda Jones incluse (en anglais).
  Par contre, plus tard, à la fin du Chapitre 4, quand Theodore Roosevelt est de nouveau cité, c'est Jules César qui le remplace.

  "On the table where thirteen plaster busts had stood early that morning, there now stood only five. They were Washington, Franklin, Lincoln, Luther, and Theodore Roosevelt."

  "Sur la table où, le matin encore, s'alignaient treize bustes de plâtre, il n'en restait plus maintenant que cinq!
  Et ces cinq-là étaient: Washington, Franklin, Lincoln, Francis Bacon et Jules Cesar."

  Bizarrement Francis Bacon remplace aussi Luther. Malheureusement, le buste de Bacon est censé avoir été acheté et quand Hannibal et Pete se rendent chez Mme Peterson (Chapitre 7) pour récupérer Auguste de Pologne, le texte français oublie cette substitution totalement arbitraire (vous remarquerez encore les ajouts de la traductrice):

  "The woman led the way round a corner, and there were two busts, one looking much the worse for wear. As Mrs. Peterson had said, Augustus of Poland had lost one ear and his nose, and the rest of him looked rather crumbly. The other, Francis Bacon, had not been washed and looked dusty but intact."
Jacques Poirier, 1971.
 
Yves Beaujard, 1995.
  "Hannibal et Peter la suivirent. Elle les conduisait dans un coin du patio. Les deux bustes y semblaient en pénitence. L'un d'eux n'était vraiment pas beau à voir. Ainsi que Mme Peterson l'avait annoncé au téléphone, Auguste de Pologne avait perdu son nez et une oreille. Le reste du visage était aussi en piètre état. Francis Bacon se dressait à côté de son camarade d'infortune. Mais il avait eu plus de chance. Le jet l'avait épargné et il conservait à la fois sa prestance et sa poussière."

  C'est ce même Francis Bacon que Bob propose en échange d'Octave/Auguste à Mme Logan, la mère d'une "fantôme" qui jouera peut-être un rôle dans une enquête ultérieure, en tout cas, c'est ce que Robert Arthur laisse à penser. C'est la raison pour laquelle Bob apparaît sur la couverture illustrée par Yves Beaujard avec ce même buste dans les bras. On y voit d'ailleurs Homère dans ceux de Peter et Lincoln est à terre. Tout comme un buste renversé et non identifiable car caché par celui, imposant, d'Auguste duquel l'illustrateur, poussant le détail, grave sur le socle le nom qu'il a adopté en tant que fils adoptif de Jules César: Gaius Julius Caesar Octavius. On ne voit pas très bien, mais je possède un  exemplaire de cette édition et Baujeard a écrit "Caius". En réalité, le véritable nom était Gaius Julius Caesar Octavianus. Selon les pages anglaises et françaises de Wikipedia, ses contemporains l'appelaient César pendant ses années au pouvoir (entre 44 et 27 avant J.-C.), mais les historiens ont opté pour Octavien ou Octave (c'est aussi le cas de Jacques Poirier comme vous pouvez le voir sur la vignette ci-dessous) pour éviter la confusion avec Jules César.
Jacques Poirier, 1971.
  C'est le même genre d’ambiguïté qui a mené dans un premier temps nos trois amis vers le buste d'Auguste de Pologne avant que le père de Bob lui révèle qu'Octave s'appelait à l'origine Auguste. Vous trouverez cette scène dans la troisième partie consacrée aux parents de Bob et voici la révélation, retardée à cause des péripéties concoctées par l'auteur, que Bob fait à ses camarades à la fin du Chapitre 8:

  "The mystery gets deeper," Jupiter said. "Why did Mr. August put a fake ruby inside the bust of Augustus of Poland? Was he fooled all along, and thought it was the real ruby? Or did he do it on purpose to mislead a searcher? If so, did he put the real ruby into another bust? Because we know there isn't another one of Augustus and - "
  "That's just it!" Bob burst out. "There is!"
  They looked at him. Jupiter blinked.
  "I just remembered," Bob said. "Dad told me earlier. It's Octavian! He was a Roman emperor and his other name was Augustus. When Gus's great-uncle wrote, 'In August is your fortune', he had to mean the bust of Octavian, because the month of August is actually named after him! It's Octavian we have to find."

  "Le mystère s'épaissit, déclara Hannibal d'une voix lugubre. Pourquoi M. August a-t-il caché un faux rubis dans le buste d'Auguste de Pologne? L'avait-on trompé et croyait-il posséder une pierre précieuse véritable? Ou a-t-il agi ainsi pour dépister d'éventuels voleurs? Et dans ce dernier cas, où a-t-il caché la véritable gemme? Nous savons bien, nous, qu'il n'y a pas d'autre Auguste dans le lot...
  -Mais si, justement, il y en a un! s'écria Bob avec pétulance. J'étais même impatient de te révéler ce que j'ai découvert à ce sujet, Babal!"
  Ses amis le regardèrent. Les paupières d'Hannibal battirent. Alors Bob expliqua:
  "C'est à papa que je dois le tuyau. Il m'a expliqué l'origine du mois d'août qui se dit August en anglais et en allemand, agosto en espagnol et en italien... Cela vient du latin mensis Augustus, c'est-à-dire le mois d'Auguste, le mois le plus somptueux de l'année. Et Augustus, c'est-à-dire Auguste, est le nom que prit Octave après avoir été nommé empereur. Le buste que nous devons rechercher, c'est celui d'Octave! IN AUGUSTO FORTUNA TUA! C'est dans Octave-Auguste que tu trouveras ta fortune, mon vieux Gus!"

  Encore un fameux exercice d'adaptation de la part de Claude Voilier. Elle se trompe sur un point: Auguste a prit le nom d'Octave en devenant empereur et non l'inverse. Le reste de l'explicitation qu'elle confie à Bob est juste. On peut lire sur Wikipedia: "vient du latin Augustus, nom donné à ce mois en l'honneur de l'empereur romain Auguste en 8 av. J.-C.". On peut y lire également, sur la page française, En 8 av. J.-C., l'empereur romain Auguste décida d'ajouter un jour au mois d’Août, qui porte son nom, pour en avoir 31, soit autant que le mois de Juillet, qui lui était appelé ainsi en l'honneur de Jules César. Ce jour a été soustrait au mois de février, qui à l'époque était le dernier de l'année" Et voilà un exemple de ce que Wikipedia peut contenir comme erreur: Auguste est mort en 14 avant J.C., il n'a donc pas pu, à la date mentionnée, décréter que le mois d'août soit augmenté d'un  jour. 
  La page anglaise est plus précise (je traduit directement): "Le mois d'août (en Latin: Augustus) doit son nom à l'empereur romain Auguste [...]. Il a été communément répété que le mois d'août avait 31 jours car Auguste voulait que son mois ait le même nombre de jours que Juillet, attribué à Jules César, mais c'est une invention de l'érudit du XIIIème siècle Johannes de Sacrobosco. Sextilis en réalité avait déjà 31 jours avant d'être renommé, et il ne fut pas choisi pour sa longueur [...] Il célèbre Auguste car la plupart des événements les plus marquants l'ayant mené au pouvoir, l'apogée en étant la chute d'Alexandrie, se sont déroulés ce mois-ci."
   Après cette humble leçon d'histoire, revenons-en aux choix de Claude Voilier. La phrase en latin et lettres capitales est en anglais dans le texte original. Bob rappelle ce fragment tiré du testament d'Horatio Auguste, le grand-oncle de Gus, par qui toute cette enquête commence. On le trouve dans le Chapitre 3 et j'en cite juste le début:

"To August August, my great-nephew:
  August is your name and August is your fame and in August is your fortune."

"A Auguste Auguste, mon petit-neveu!
  AUGUSTUS NOMEN TUUM EST, ET AUGUSTUS FAMA TUA, ET IN AUGUSTO FORTUNA TUA."

  C'est un choix de traduction qui se justifie par l'aspect message codé du testament, mais il reste un peu peu superflu. En tout cas, le titre de Treize buste pour Auguste, outre le jeu de mots, est plutôt pertinent quand on voit à quel point Auguste et le mois d'août sont centraux dans l'intrigue.

  Il est temps d'aborder la revue des différentes couvertures. Il y en a beaucoup et le choix des scènes est très varié. C'est en partie la raison pour laquelle j'ai déjà intégré les deux couvertures françaises plus haut. Trois couvertures d'éditions britanniques (Armada) sont intégrée dans deux articles annexes. Non seulement elles illustrent les scènes que j'ai voulu mettre en avant, mais un tel choix me permet de faire quelque chose de nouveau. Vous allez le découvrir au fil de cette présentation.

Harry, Kane, 1967.
  Trois des couvertures américaines représentent la scène du Chapitre 16 où les trois détectives accompagnés de Gus, creusent sur la propriété du grand-oncle Horatio. Seule celle d'Harry Kane, la toute première édition, est totalement conforme au texte: nous avons bien les quatre personnages et la scène se déroule de nuit. On voit même un engin de chantier en arrière-plan. Celles de Robert Adragna et Bill Dodge omettent Gus, mais elles sont aussi extérieure nuit.
Bill Dodge, 1998.
Robert Adragna, 1984


















  Et c'est là que j’introduis un nouvel élément dans mon projet. Cette même scène est également représentée sur des éditions d'autres pays. Dont deux versions différentes publiées en Italie qui figurent des ombres menaçantes arrivant sur les lieux et surprenant les jeunes détectives. On voit sur la première le personnage appelé Rama Sidri Rhandur, alias Three-Dots/Trois-Points ainsi que le rubis. Par contre, elles semblent se dérouler de jour et sans Gus:
Édition italienne 1.
Édition italienne 2.



















    Il existe aussi une version espagnole plus proche du texte et des illustrations américaines:
Édition espagnole.
   Pour en revenir au illustrations américaines, je dispose aussi de celle de Charles Riese qui représentent la scène du Chapitre 14 où nos amis s'apprêtent à briser le buste d'Octave. Déjà illustrée par Harry Kane et Harry Hall en interne, elle a été également choisie par l'édition suédoise où figurent Trois-Points et sa canne-poignard, les bustes d'Abraham Lincoln et d'un autre personnage que je n'identifie pas, ainsi que notre bon vieil Alfred dont le visage apparait de manière fantomatique:
Charles Liese, 1980.
Édition suédoise.
   Les adeptes de montages apprécieront toujours la version américaine de Stephen Marchesi, toujours très abstrait ainsi qu'une version indonésienne, plus moderne et plus simple avec les trois héros en plein mouvement (on reconnait Jupiter en rose, Pete en orange et Bob en bleu) et les treize bustes en arrière-plan, avec Roosevelt et sans la reine Victoria!:
Stephen Marchesi, 1978.





Édition indonésienne.

















  J'ai trouvé d'autres éditions (allemandes, slovaques, russes...), mais je préfère ne pas en mettre trop dans l'article. Si vous désirez les voir, je viens d'ouvrir un compte Pinterest où je poste toutes les illustrations et couvertures par tome. Pour trouver ces couvertures internationales, rien de plus simple: sur Wikipedia sont mentionnés les titres de chaque tome dans chaque langue, il m'a suffi de les recopier dans une recherche d'images sur Google (j'ai découvert bien évidemment à chaque fois d'autres choses par ricochets, comme les noms qui sont donnés aux trois héros ou dans quelle mesure le texte est adapté. Par exemple, dans les éditions pakistanaise, les intrigues se déroulent au Pakistan et non aux États-Unis.). Je remettrai prochainement à jour les articles précédents avec en bonus quelques-unes de ces couvertures et j'ai bien l'intention de les utiliser régulièrement pour les suivants.

  Ce septième article a été très long a rédiger pour plusieurs raisons. Mais j'ai eu beaucoup de plaisir a étoffer mon projet. J'ai entretemps essayé de trouver des informations intéressantes (sur la traduction notamment) dans un ouvrage intitulé Le Club des Cinq, Fantômette, Oui-Oui et les autres... - Les Grands succès des Bibliothèques Rose et Verte écrit par Armelle Leroy et Laurent Chollet, publié chez Hors Colection en 2005 et désormais épuisé. Quatre pages sont consacrées à Alfred Hitchcock, Robert Arthur et Les Trois Jeunes détectives. Hélas, je n'ai pas eu grand-chose à me mettre sous la dent exceptées deux petites infos qui méritent d'être citées ici: "Le 28 janvier 1964, un premier contrat est passé avec les éditions Hachette." et "En 1968, Robert Arthur a déjà écrit 9 histoires. Malade, il ne peut plus continuer à un tel rythme et s'adresse à Dennis Lynds, avec lequel il a déjà collaboré, en 1966, à la rédaction du cinquième volume de la série, L'Arc-en-ciel a pris la fuite." J'avais déjà vu mentionnée cette collaboration par-ci par-là sans en avoir une source sûre, voilà qui est fait (j'aurais bien entendu l'occasion de reparler plus tard de Lynds et des autres auteurs qui reprendront la série.)
  Les auteurs de cet ouvrage trop grand public et pas assez pointu à mes yeux (je l'ai commandé sur Internet sans savoir ce qu'il contenait précisément), conclut la partie qui concerne mon projet en disant que "les textes sont de qualité, mais le changement d'auteur et de style est parfois déstabilisant, et le lecteur a du mal à retrouver l'ambiance stimulante des premiers ouvrages." C'est peut-être ce que mon projet mettra en lumière, pour moi personnellement, mais aussi pour ceux et celles qui continueront à plus ou moins me suivre. Mais ne nous avançons pas trop. Pour en revenir au livre, ses qualités sont toutefois qu'il m'a remis en mémoire des séries que j'avais oubliées et donné envie d'en (re)lire quelques-unes (Les Six Compagnons, Bennett, Les Conquérants de l'impossible...). Mais ce sera pas pour tout de suite, priorité à Hannibal, Peter et Bob!
  Pou finir, j'ai remarqué qu'à chaque fois, mes posts sur la série génèrent des vues immédiates. Je ne sais pas si ce sont les mêmes personnes à chaque fois, si elles sont intéressées etc. Je n'ai à ce jour eu aucun retours de la part d'internautes (à part mon pote Marc sur l'article de présentation). Je ne désespère pas d'en avoir un de ces jours. N'hésitez pas guyz & girlz!
  Merci à Margaux.

8.The Mystery of the Silver Spider/8.Une Araignée appelée à régner.
9.The Mystery of the Screaming Clock/9.Les Douze Pendules de Théodule.
10 The Mystery of the Moaning Cave/10.Le Trombone du Diable.
11.The Mystery of the Talking Skull/26.Le Crâne qui crânait.
12.The Mystery of the Laughing Shadow/25.L'Ombre qui éclairait tout.
13.The Secret of the Crooked Cat/12.Le Chat qui clignait de l’œil.
14.The Mystery of the Coughing Dragon/11.Le Dragon qui éternuait.
15.The Mystery of the Flaming Footprints/14.L'Aigle qui n'avait plus qu'une tête.
16.The Mystery of the Nervous Lion/21.Le Lion qui claquait des dents.
17.The Mystery of the Singing Serpent/16.Le Serpent qui fredonnait.  

The Mystery of the Fiery Eye/Treize Bustes pour Auguste, Robert Arthur. Traduit de l'américain par Claude Voilier.

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